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    Prospective
Transdisciplinaire
Intersectorielle
    Internationale

Chapitre 1. EAU CULTURE  ET  CIVILISATIONS

Eau, berceau des civilisations

Eau, culture et langage

Eau et territoires

 

Chapitre 2. EAU  ET  JARDINS  DU MONDE

Les jardins, anglais, arabe, chinois, français, indien, moghol, japonais

Les coupures vertes

 

Chapitre 3. LES FONTAINES D’AGREMENT

Les fontaines en France

Les fontaines de Rome

Les fontaines et l’urbanisme

 

 1.       EAU , CULTURE ET CIVILISATIONS

  •  L'Eau berceau des civilisations

Dans la mesure où l’être humain a un besoin vital de consommer chaque jour un peu d’eau pour survivre, dans la mesure où la plupart de ses activités économiques, sociales et culturelles utilisent celle-ci en quantité et qualité appropriées, les populations se sont toujours installées et développées là où elles pouvaient avoir aisément accès à cette précieuse ressource, près d’une rivière ou d’un lac, de sources ou de puits ou encore au bord de la mer.

L’eau est tout aussi indispensable à la nature qu’aux hommes : sans elle, point de vie possible pour la faune, la flore et les écosystèmes. C’est elle également qui sculpte les reliefs, qui façonne et habille les paysages des campagnes. Enfin, c’est elle aussi qui peut provoquer des catastrophes naturelles, sécheresses, inondations, glissements de terrains, avalanches, … Pour les sociétés humaines comme pour la nature,le cycle de l’eau est, en quelque sorte, l’équivalent du système de la circulation sanguine pour l’individu : il irrigue, nourrit et vivifie ; il dilue et épure ; il règle la température du corps humain, … Or ces ressources éminemment liées au territoire qui les porte, ne sont pas inépuisables, même celles qui se renouvellent régulièrement en fonction du cycle hydrologique et du rythme des saisons. D’autant plus que l’intensité moderne des activités humaines pose aujourd’hui le problème de leur incidence sur le climat et sur son évolution éventuelle.

A toutes les époques, surtout à celles qui ont connu un pouvoir politique fort et durable, les hommes n’ont pas cessé de réaliser desaménagements hydrauliques, plus ou moins importants, destinés à améliorer leurs conditions de vie et à illustrer leurs formes de culture et de civilisation, tout en glorifiant souvent leur régime et leurs dirigeants aux yeux de la population. Pour ce faire, ils n’ont jamais hésité à mobiliser de grands moyens, humains et financiers, en faisant appel aux meilleures capacités techniques disponibles de leur temps. Aujourd’hui encore, il subsiste beaucoup de traces et de vestiges de ces ouvrages dont certains, parfois prestigieux, sont toujours en service. Ainsi, même si le projet a été préparé sous un précédent régime, en raison du temps généralement très long de sa maturation, sa réalisation est toujours utilisée comme un important vecteur de médiatisation, voire de propagande : ainsi le nom donné à l’ouvrage marque-t-il généralement de son empreinte la toponymie du lieu vis-à-vis de la postérité : aqueduc de Claude et thermes de Caracalla à Rome, canal Albert en Belgique, canal Isabel II pour alimenter en eau Madrid, fontaine Médicis à Paris, canal Cavour au Piémont, lac Nasser sur le Nil, lac El Assad sur l’Euphrate syrien, barrage Mohammed V au Maroc, barrage Saddam près de Mossoul sur le Tigre irakien, barrage Atatürk dans le grand aménagement hydraulique de l’est anatolien, etc.

Un bref regard vers le passé montre la relation étroite du développement économique, social, culturel et de la stabilité politique avec la qualité de l’approvisionnement en eau des populations considérées. C’est ce qui explique pourquoi la plupart des grandes civilisations anciennes sont également qualifiées de « civilisations hydrauliques ». D’ailleurs, très souvent, celles-ci portent le nom du fleuve autour duquel elles ont fleuri. Ainsi pour l’empire assyrien de Babylone et la Mésopotamie (mot dont l’étymologie grecque signifie « fleuve du milieu ») parle-t-on de la civilisation du Tigre et de l’Euphrate, pour l’Egypte ancienne de la civilisation du Nil, pour l’Inde et le Pakistan de la civilisation de l’Indus, pour la Chine de la civilisation du Huang-Ho. Il en va de même pour d’autres grandes civilisations, telles qu’en Amérique centrale et au Pérou pour les civilisations des aztèques, des Incas et des Mayas qui se sont développées dans les vallées côtières et autour des lacs de cette région, pour la civilisation khmer le long du Mékong, pour d’autres brillantes civilisations qui se sont épanouies le long du Gange, ou en Asie centrale, par exemple dans les vallées de Fergana en Afghanistan, ou en Iran le long des rivières Helmand ou Dez. L’observation de toutes ces civilisations montre que leur niveau de développement est directement lié à leur degré de maîtrise et d’efficacité dans la gestion de l’eau. Inversement, l’affaiblissement de cette maîtrise sociale de l’eau a automatiquement entraîné leur décadence et leur disparition inéluctable. Ce fut le cas partout, en Chine, en Mésopotamie, en Egypte, en Perse, en Inde, en Amérique latine, comme dans l’empire romain,… Quelle leçon pour aujourd’hui !

Depuis le milieu du XIXème siècle, et surtout au XXème siècle, des changements fondamentaux se sont produits, qui ont profondément modifié les conditions de vie et les perspectives d’avenir du genre humain, plus profondément qu’au cours des deux derniers millénaires : progrès scientifiques, industrialisation, croissance démographique, développement urbain, migrations de populations, … Les implications et les conséquences en sont considérables dans tous les domaines et à tous les niveaux individuels et collectifs. Notre environnement doit être tout à la fois aménagé et ménagé ! La gestion de l’eau, qui est au cœur à la fois de la vie des hommes et de la nature, ne saurait y échapper. C’est pourquoi il importe de prendre suffisamment à l’avance la mesure des évolutions et tendances « lourdes » de manière à pouvoir mieux en tenir compte dans les orientations à choisir pour mener une politique de l’eau moderne et efficace, et pour préserver cette ressource vitale qu’est l’eau, dans l’intérêt aussi bien des populations actuelles que des générations futures. C’est là un enjeu majeur de toute politique de développement durable en la matière.

 

L’eau culture et langage

  • Parallèle conceptuel entre eau, information et argent

 Depuis la nuit des temps, dès que les hommes vivent où que ce soit ensemble, en famille, en tribu, en village ou en ville, la toute première chose qu'ils partagent au quotidien, c'est l'eau ... et le langage, qui l'un comme l'autre leur permet de survivre et de s'épanouir ; puis, après une période de pratique du troc, vient la création d'une monnaie commune facilitant les échanges de biens et de services.

Ainsi l'eau, le langage et l'argent « irriguent »-ils, chacun à sa manière, le tissu économique, social, environnemental et culturel, le vivifie et le solidarise. N'y-a-t-il pas de nombreuses analogies entre les notions de bassin hydrographique, de bassin linguistique, de bassin économique ou encore de bassin d'emploi (bassin minier, bassin houiller, ...), et de bassin de civilisation ? Ce qui n'est pas surprenant dans la mesure où, sur tous les continents et à toutes les époques, les fleuves ont toujours servi de voies naturelles de pénétration et de communication.

Une langue s'explique avant tout historiquement. C'est un matériel intellectuel hérité d'une très longue succession de générations. Par exemple, le français représente le développement du latin parlé dans la Gaule gréco-romaine, quelque peu influencé par les langues germanique et anglaise. Les qualités intrinsèques de la langue française, comme la richesse de son patrimoine culturel, en font un remarquable instrument de pensée et de communication humaine. Selon la célèbre formule de Claude Hadège, « une langue vit de la culture qu'elle exprime »... Et Stendhal ne disait-il pas : "Le premier instrument du génie d'un peuple, c'est sa langue ! ".

En prenant l'exemple de la langue française, il est intéressant de mettre en évidence les similitudes dans le vocabulaire, dans la racine des mots, et donc dans les concepts culturels utilisés à la fois pour l'eau, l'information et l'argent. (Voir le tableau comparatif ci-dessous).

Le même genre de similitudes se retrouve également dans la plupart des autres langages où l'eau est aussi liée à beaucoup de mots : noms propres (notamment les noms de lieux) et noms patronymiques, nombreuses racines étymologiques dans le vocabulaire et dans les concepts.

A noter enfin que, dans un certain nombre de pays d'hier et d'aujourd'hui, le nom donné à la monnaie locale correspond à celui de l'eau, en particulier à celui de la pluie : par exemple le Pula en Afrique australe, notamment au Botswana. Dans la même optique, la coïncidence entre la sortie de la première Directive-cadre sur la gestion des ressources en eau élaborée par l'Union Européenne, et la mise en place de la monnaie commune, l'Euro, correspond, elle aussi, à la prise de conscience d'une interdépendance et d'une solidarité accrues au sein de la population et des dirigeants européens intéressés.

 

Parallèle conceptuel entre eau, information et argent

EAU

INFORMATION

ARGENT

Hydraulique

Langage, communication

Finance, monnaie

Aval

Avaliser un texte

Donner son aval

Cascade

Informations en cascade

Filiales en cascade

Circuit

Circuit d'information

Circuit de financement

Circulation

Circulaire

Circulation de l'argent

Compensation

Mot de compensation

Marché de compensation

Compteur

Information comptée

Compte financier

Concentration

Concentration de l'information

Concentration financière

Contamination

Contamination de l'information

Contaminer le marché

Contrôler

Contrôler l'information

Contrôler le crédit

Courant

Courant littéraire

Compte courant

Cycle

Encyclique

Cycle de la monnaie

Débit

Débit d'information

Débiter un compte

Déborder

Déborder d'informations

Déborder d'argent

Diffusion

Diffusion de l'information

Diffusion du crédit

Dilution

Dilution de l'information

Dilution du capital

Distiller

Distiller l'information

Distiller le crédit

Equilibre

Information équilibrée

Equilibre des marchés

Filtration

Filtration de l'information

Filtrer les mauvais payeurs

Flot

Flot de paroles

Flottation des cours

Flux

Flux d'information

Flux financier

Fuite

Fuite

Fuite des capitaux

Inondation

Inonder d'informations

Inonder le marché

Niveau

Niveau d'information

Niveau du crédit, des marchés, ...

Pollution

Pollution de l'information

Pollution du capital

Réseau

Réseau d'information

Réseau de financement

Réservoir

Information en réserve

Réserves financières (monnaie de réserve)

Ressources en eau

Homme - ressource

Ressources financières

Source

Source d'information

Source de financement

Stockage

Stockage de l'information

Stockage de la monnaie

Traitement

Traitement de l'information

Traitement des chèques, des TUP, ...

Transparence

Transparence de l'information

Transparence d'une opération financière

Tributaire

Attributions

Tribut

 

  •  Le cas du monde arabe et arabo-musulman

Ce cas est particulièrement intéressant dans la mesure où, en raison de la latitude comme des conditions géographiques et climatiques, souvent arides, dans la plupart des pays concernés, l’eau y occupe une place encore plus importante qu’ailleurs dans tous les domaines, notamment dans leurs formes de culture et de civilisation. Il s’agit en fait d’un très grand ensemble où l’on peut différencier des réalités géographiques, ethniques, historiques et culturelles qui s’emboîtent les unes dans les autres selon trois cercles concentriques. Le cercle central s’étend du nord au sud depuis les Monts du Taurus jusqu’au Golfe Persique, et d’ouest en est, de la Méditerranée orientale au plateau iranien, sans l’Iran, ni l’Anatolie. Il convient d’observer qu’il s’agit d’une région aride, voire même désertique, où l’eau est plus importante que la terre. Autour de ce premier cercle, s’en est constitué un second, beaucoup plus vaste, qui s’étend vers l’ouest, depuis l’Egypte jusqu’au Maroc inclus : il s’agit-là d’une même civilisation, imprégnée par une culture commune, liée à la diffusion de la langue arabe qui s’est imposée dans les premiers temps de l’Islam ; un peu comme la Gaule latinisée au sein de l’empire romain, qui a progressivement donné naissance à la culture française issue de la civilisation gallo-romaine. On peut à nouveau noter le climat aride et parfois même désertique des pays considérés où l’eau est rare, désirée, convoitée. Le troisième cercle est centré sur la péninsule arabique et s’étend à des milliers de kilomètres dans toutes les directions où l’Islam s’est répandu sur les cinq continents. L’arabe étant langue sacrée, les villes saintes étant au Moyen-Orient et le pèlerinage à La Mecque étant l’une des obligations religieuses, tout musulman de ce troisième ensemble a le regard tourné vers le monde arabe des deux cercles précédents dont les mouvements se répercutent en chaîne. Le monde arabe a, depuis ses origines, joué un rôle considérable : n’a-t-il pas transmis à l’Europe encore féodale une grande partie des connaissances de l’Antiquité, tant la philosophie aristotélicienne que la médecine d’Hippocrate, ouvrant ainsi la voie à la Renaissance ? Cette région du globe où des populations fort riches côtoient des masses, urbaines ou rurales, fort pauvres, joue encore actuellement un rôle essentiel, notamment en raison de son dynamisme démographique, de la présence sur son sol de ressources énergétiques considérables et des conflits majeurs, réels ou potentiels, pour le partage des ressources en eau qui y sont à la fois limitées et très inégalement réparties. Or cette même région est aussi fortement sollicitée par des courants contraires et des influences qui s’opposent vigoureusement : les unes en faveur des traditions ancestrales, les autres en direction de l’ouverture et de la modernité.

  •  Le cas de l’Egypte : le Nil, matrice du concept d’Etat

 

Selon la citation classique d’Hérodote, « l’Egypte est un don du Nil », un étroit corridor, large de moins de 30 km qui s’épanouit en un vaste delta de plus de 250 km d’amplitude. Cette configuration exceptionnelle, au carrefour de l’Afrique et du Moyen-Orient, lui a valu successivement d’être conquise par les Perses et Alexandre-le-Grand, puis de faire partie des empires romain, byzantin, arabe et ottoman. Après de tels brassages, il n’est pas surprenant d’y trouver un souffle d’universalisme ! De la préhistoire à nos jours, le pays a été aménagé, organisé, exploité en fonction des rythmes impérieux de son fleuve unique. A cette nécessité devait répondre un Etat fortement centralisé et méthodique, étayé aujourd’hui encore par une administration très hiérarchisée, chargée de coordonner les observations hydrologiques (grâce aux nilomètres), d’assurer la répartition des eaux le long du fleuve, de diriger l’irrigation des terres, d’effectuer les relevés cadastraux, de tenir les registres fiscaux (en fonction du niveau des crues), etc. … La conjonction entre le tempérament de son peuple et la pression d’une nature dominatrice a conduit au développement d’une culture originale d’une grande créativité et d’une cohérence prodigieuse. Son rayonnement durable a apporté une immense contribution à notre civilisation moderne. En effet, l’Egypte est à l’origine de l’écriture, il y a plus de 5 000 ans, à l’origine aussi d’une division intelligente du temps suivant le rythme des inondations, des semailles et des récoltes. Elle fut également pionnière dans l’art de guérir, transmis plus tard par Hippocrate et par Galien. Enfin, elle a été un berceau de la sagesse antique du premier monothéisme, sous le règne du Pharaon Akhenaton, au XIVème siècle avant Jésus-Christ, avant de devenir terre biblique. L’astronomie, les nilomètres, le cadastre, la société hydraulique, la culture de l’eau, etc… sont autant d’inventions à mettre au crédit de la civilisation égyptienne développée par les dynasties successives de l’empire des Pharaons et par leurs élites. Le style inimitable de ses multiples talents artistiques a connu, et connaît encore, un immense succès, bien au-delà du monde méditerranéen, non seulement dans le domaine de la bijouterie et du mobilier, mais aussi dans celui de la littérature (et aujourd’hui du cinéma) : tous les genres y sont représentés, repris et imités jusqu’à nos jours. Par son organisation politique, administrative et bureaucratique structurée en fonction de la hiérarchie de ses réseaux de canaux très ramifiés ou de ses bassins d’irrigation et de drainage des sols, elle a inventé, et même matérialisé sur le terrain, le concept d’Etat, perfectionné ensuite par les Romains. Jusqu’à l’époque contemporaine, la forme de gouvernement de l’Egypte continue à beaucoup ressembler à une reproduction moderne de l’organisation politique et administrative mise en plan par les Pharaons de l’Antiquité.

 

  •   Le cas de la France

A la différence des pays arabes, la France, en raison de ses conditions géographiques, jouit d’un climat tempéré qui, dans l’ensemble, la rend relativement riche en ressources en eaux superficielles et souterraines. Qui plus est, le pays est resté majoritairement rural jusqu’aux années 1960-1970. A cette époque, la concentration urbaine et l’industrialisation se sont accentuées, posant alors des problèmes de pollution ; ce qui a entraîné la création d’institutions de bassin dont l’originalité réside précisément dans la concrétisation des liens du triptyque entre eau, communication et argent, à savoir le cycle hydrologique, la participation des usagers concernés et les incitations financières pratiquées. Par la création d’un cycle financier lié au cycle de l’eau à l’échelle d’un bassin hydrographique, le génie de ces institutions est d’aider les bénéficiaires d’une même ressource en eau – ayant des intérêts particuliers légitimes mais souvent contradictoires – à prendre conscience qu’ils sont solidaires et interdépendants, et à dégager les solutions d’intérêt commun : la dimension mutualiste se conjugue à l’action du principe « pollueur-payeur » au sein des institutions de bassin françaises. Avec le système original des institutions de bassin, la délégation de gestion des services des eaux, modalité de partenariat « public/privé » d’actualité, constitue la seconde caractéristique majeure de la gestion de l’eau en France ; ce qui explique qu’aujourd’hui les trois premiers groupes de services publics au monde soient français ! Bien que la question de l’eau soit donc moins cruciale en France que dans beaucoup d’autres pays, il est intéressant de la restituer au sein du patrimoine particulièrement riche de la culture et de la civilisation françaises. On constate en particulier que le concept de la délégation à un opérateur privé de la gestion d’un service public d’eau, quel qu’en soit l’usage : eau potable, assainissement urbain, irrigation, navigation, hydroélectricité, … trouve ses racines très loin dans le passé, dans la tradition romaine qui a traversé les siècles durant tout l’Ancien Régime. L’origine de ce concept se trouve dans la vieille notion latine « d’usufruit » et de « nue-propriété » issue du droit romain et toujours présentes dans les « codes civils » modernes ; dans la mesure où, en pareil cas, la propriété des ouvrages reste toujours dans le domaine public, quelle que soit la forme de contrat adoptée : concession, affermage, gérance ou régie intéressée. C’est ce qui explique que cette pratique de la gestion déléguée existe également depuis longtemps en Italie, en Espagne et au Portugal, et qu’elle se développe plus facilement dans les pays de culture latine : Roumanie, Amérique centrale, Amérique du sud, Philippines, … ou dans les pays dotés d’un Code Civil : Belgique, Hollande, Indonésie, Turquie, … comme dans les pays historiquement francophones d’Afrique ou d’Indochine. Compte tenu de l’originalité de son expérience, la France joue un rôle éminent dans le domaine de l’eau sur la scène internationale. A bien des égards, il existe en effet une véritable « école française de l’eau ». Celle-ci repose sur une maîtrise harmonieusement équilibrée de la gestion de l’eau et de ses multiples usages, illustrée par une approche particulière à l’échelon des bassins hydrographiques, le partenariat public-privé, pour la gestion déléguée des services des eaux, des sociétés d’économie mixte d’aménagement régional pour la mise en valeur des terres irriguées, …

 

Eau et territoires

  •  Eau et territoires

L’eau, élément mobile, fait partie indivisible d’un cycle naturel en perpétuel renouvellement qu’il est impossible de s’approprier, bien que la tentation soit souvent grande. Un peu partout, les hommes se sont initialement installés au bord des rivières et des lacs, près des sources ou de points d’eau. Dans tous les pays du monde, le nom de très nombreux endroits, villes ou villages, provinces,... est d’ailleurs lié à l’eau : en France le nom de la plupart des départements reprend celui des principales rivières, nom dont les origines remontent souvent aux Etrusques... il y a près de 3 000 ans. Si pour des raisons industrielles, commerciales, voire stratégiques, les hommes se sont implantés ailleurs, ou si l’augmentation des besoins le nécessite, ils doivent aller mobiliser des ressources en eau à distance plus ou moins grande ; ce qui soulève obligatoirement le problème des relations réciproques entre eau, homme et territoire. La nécessité de cette triple articulation se présente à n’importe quelle échelle géographique où l’homme a découpé, réparti, voire clôturé l’espace (immobile, lui) de nombreuses façons. En commençant par le niveau de la parcelle, les problèmes d’eau se posent d’abord entre voisins mitoyens dépendant d’une même ressource (source, puits, mare,...) ou recevant les mêmes eaux de ruissellement ou riverains d’un même cours d’eau (le mot “ riverain ” a d’ailleurs la même étymologie que “ rival ”). Déjà la liberté de l’un trouve ses limites dans celle de l’autre ; ni le droit d’usage, ni même de propriété du sol ne lui donne un droit d’usage ou de propriété absolu en ce qui concerne l’eau : un peu partout certaines restrictions et contraintes peuvent s’imposer au droit du sol sous la forme de servitudes ou de “ right of way ” pour permettre l’accès à l’eau ou le passage de l’eau, de façon naturelle ou de main d’homme. Dès le milieu du 19e siècle, le Code Civil français a été amendé dans ce sens, prévoyant que les éventuels conflits entre propriétaires voisins seraient réglés par le juge de paix local doté pour ce faire de pouvoirs exceptionnels (de “ plein contentieux ”) pour trancher la question et imposer sa solution. A plus grande échelle lorsque les conflits réels ou potentiels - entre usages de l’eau plus ou moins compatibles, et/ou entre les territoires concernés - deviennent nombreux, permanents et de portée beaucoup plus considérable ; il est impossible d’aller constamment devant les tribunaux ! A l’intérieur du périmètre d’un même Etat, ce genre de problème peut se résoudre - non sans difficultés - avec la constitution d’entité au périmètre plus large, par exemple les groupements intercommunaux ou interdépartementaux, tels que syndicats, districts, communautés,. “ pays ”... L’eau (production, distribution d’eau potable puis assainissement urbain) a d’ailleurs été le premier et reste le plus important domaine de coopération au niveau local entre les 36 000 communes françaises. A l’échelle supérieure, la création des institutions de bassin, il y a 30 ans, en France a précisément répondu à la nécessité de mieux articuler et solidariser les multiples usagers de l’eau, notamment les collectivités territoriales bénéficiaires d’une même unité de ressource en eau, selon le découpage très particulier que la nature lui a donné et qu’elle façonne avec patience et efficacité, à savoir, le bassin ou un groupement de bassins hydrographiques. Comme dans le cas des structures intercommunales, le cœur du système des agences de l’eau “ à la française ”, c’est la relation établie entre le cycle de l’eau et un système de financement, concrétisation de l’interdépendance et de la solidarité entre les usagers et outil régulateur pour compenser les disparités des conditions naturelles (géographiques, environnementales et climatiques) et les impacts (ou externalités) résultant des activités humaines. Evidemment tous ces systèmes sont sinon faciles, en tous cas moins difficiles à mettre en place dans le cadre d’une même entité politique comme celle d’un pays, surtout d’un Etat unitaire où les règles de droit : droit du sol, droit de l’eau, administration de l’Etat et des collectivités territoriales,... la “ gouvernance ”, sont uniformes dans l’ensemble de l’espace considéré. Déjà le problème de l’articulation de l’eau et du sol se complique sensiblement dans le cadre d’une structure fédérale, ou confédérale, qui se rapproche beaucoup du cas des eaux partagées internationales. En cas de ressources en eau (fleuves ou aquifères) partagées ou donnant lieu à transfert entre plusieurs pays, à tous les problèmes de politique nationale de l’eau dans chacun des Etats concernés, se superposent et s’ajoutent les aspects diplomatiques attachés au concept de souveraineté nationale et à sa perception par les peuples et leurs dirigeants. Au demeurant, du point de vue de l’articulation entre eau, homme et territoire, à la différence d’échelle près, les problèmes sont identiques entre deux pays frontaliers tributaires d’une même ressource qu’entre deux parcelles mitoyennes ou deux collectivités locales voisines ou riveraines. Tout comme le droit de la propriété foncière ne revêt pas un caractère absolu, le droit de souveraineté, confronté aux mêmes réalités, doit lui aussi composer avec le même type de contraintes au regard d’intérêts généraux d’ordre supérieur. En France et en Europe, le cas du Rhin constitue à cet égard un exemple intéressant d’une coopération réussie entre cinq pays riverains qui ont connu une longue histoire très mouvementée. On observe également dans toutes les régions du monde le développement de différents types d’organismes de bassin impliquant plusieurs Etats désireux de mieux gérer ensemble leurs problèmes d’eaux partagées.

 

  1. 2.       EAU  JARDINS DU MONDE

 

  •  Le jardin arabe

 

Avant de revenir à la référence du jardin, il n’est pas inutile de rappeler l’importance de l’eau dont le Coran ne cesse de chanter les bienfaits. On a à faire à un auditoire du désert où l’aridité et la pénurie sont la règle ; il n’est donc pas étonnant que la moindre présence de l’eau soit assimilée à un miracle qui est à l’origine de la vie : « Nous avons fait de l’eau toute chose vivante » (Coran XXI, 30). Ce fameux verset est souvent calligraphié pour célébrer des sources captées, des barrages édifiés. Comme l’écrit Abdelwahab Meddeb, cette importance de l’eau se reflétera à l’intérieur de la cité islamique, elle sera une question centrale dans l’exercice du pouvoir. Ce culte de l’eau est aussi associé à la pureté rituelle qui hante le croyant et qui lui est nécessaire pour accéder à la prière ou à la lecture du Livre Saint. C’est par le contact du corps avec l’eau que se réalisent les ablutions, petites et grandes, pour se débarrasser de ce qui est considéré comme des souillures. Mais il est impossible d’invoquer l’eau sans aborder l’art des jardins. Déjà dans les versets coraniques eau et jardins étaient associés. S’y ajoute l’exaltation de l’ombre. Là encore, on peut estimer que la présence des jardins est due à la vision de l’oasis qui hante l’homme du désert, vision qui aura déjà donné la sublimation coranique du jardin à travers l’illustration du mythe qui promet l’Eden. L’Islam est une religion qui insiste sur le corps ; elle actualise la menace et la promesse dans une insistance sensuelle et charnelle. Le jardin est le séjour d’une jouissance accomplie dans la conjonction de l’eau, de l’arbre, de l’ombre. On s’y découvre comblé par la volupté qui envahit tous les sens. Converge et circule dans le corps la musique de l’eau qui jaillit, coule, chuchote, cascade, frissonne, chantonne, tombe goutte à goutte ; par vagues successives vous assaillent les couleurs qui chatoient tels des lampions sur les plantes et les arbres ; et les odeurs pénètrent en vous comme des breuvages ; pendant que l’ombre s’incarne devient palpable, telle une personne. Dans cette représentation de la promesse coranique à travers les jardins, l’homme imite la création divine. Le jardin en constitue l’idéal type. Il en répète le miracle. De concentrer en un espace clos et aménagé les merveilles de la nature aide l’initié à trouver matière pour l’élaboration de ses exercices spirituels. Les jardins arabes, lointains héritiers des célèbres jardins suspendus de l'Antique Babylone, au bord de l'Euphrate. Depuis des siècles, ces jardins foisonnent au Sud de la Méditerranée jusqu'au Sud de l'Espagne : parmi les plus beaux, les magnifiques jardins de l'Alhambra, à Grenade, longtemps résidence des rois maures. De tels jardiniers, on attend la connaissance de la poésie, en même temps que la pratique de leur propre art ! Au cœur du jardin arabe, on trouve immanquablement la fontaine et le bassin, à la parure précieuse de mosaïques, de pierres et de métaux. Le mot " paradis ", adapté du grec dans la langue française, provient d'ailleurs du perse " pairidaeza " qui signifie " jardin clos de murs " ! Le jardin est-il la récompense que se réserve l’homme du désert une fois installé dans un climat propice ? Ce n’est pas fortuitement que l’Espagne a pu proposer le site parfait du séjour ainsi marqué par la promesse paradisiaque où est annoncée une nature accomplissant invariablement le don et le miracle divins. Les poètes arabes d’Al-Andalus n’ont-ils pas loué à l’envi ces lieux de l’enchantement dont l’entretien et l’usage demeurent vifs jusqu’à ce jour, comme en témoignent le Generalife de grenade et les jardins de Séville, ceux de l’Alcazar ou de la Casa Pilatos ?

 

  • Le jardin chinois

 

Le jardin chinois est le fruit de l’union heureuse entre nature et artifice : l’eau y occupe toujours une place essentielle. L’histoire des jardins classiques chinois est très ancienne. Leur conception raffinée a beaucoup évolué au fur et à mesure de l’histoire du pays et des multiples influences politiques, économiques, artistiques et religieuses qui se sont manifestées au cours des siècles : jardins privés du Nord et du Sud de la Chine, jardins impériaux des Ming et des Qing, aux noms toujours très poétiques, jardins-temples appartenant aux temples bouddhistes, aux sanctuaires taoïstes ou aux temples des ancêtres , tous démontrent des rapports à l’espace et à la nature, recherchés et complexes, témoignant d’une profonde intellectualisation des paysages. Ces jardins chinois ont d’ailleurs beaucoup influencé les jardins coréens et japonais.

 

  • Le jardin français

Jardin français où, la nature maîtrisée, règne l'ordre, la symétrie, les perspectives géométrique. Le plus bel exemple, c'est le parc du Château de Versailles, magistralement dessiné par Le Nôtre, véritable créateur du " jardin à la française ", caractérisé par des perspectives ouvertes à l'infini ainsi que par des eaux jaillissantes ; à tel point qu'il a fallu créer un immense réseau de rigoles sur le plateau depuis la forêt de Rambouillet et même construire la " machine de Marly " pour élever et acheminer l'eau de la Seine jusqu'aux réservoirs du château. Un service spécial des Eaux et Fontaines de Versailles a dû être constitué, et il fonctionne toujours depuis trois siècles ! Aujourd'hui encore, les fêtes et jeux d'eau avec grands spectacles et feux d'artifice autour du Bassin de Neptune sont fort apprécié par les français comme par de nombreux touristes étrangers.

 

  •  Le jardin indien et moghol

 

Toujours divisé en quatre, le jardin devient un microcosme représentant les quatre points cardinaux et continents séparés par les quatre fleuves du monde ; à l'époque, il s'agissait du Tigre, de l'Euphrate, du Nil, de l'Indus ou du Gange.

 

  •   Le jardin japonais

Si le shintoïsme multiplie les divinités liées aux manifestations de la nature, le zen ramène par l’initiation au sens des choses, à l’unité. Aussi, le jardin zen est-il lieu sacré où les éléments qui s’y trouvent recèlent un sens réel ou symbolique, incitant à la méditation. Au Japon, où il pleut beaucoup, les maîtres jardiniers ont souvent transposé, matérialisé, minéralisé le mouvement de l’eau. Face à une telle représentation, nous prenons conscience d’un enseignement, nous pressentons l’énergie qui nous est transmise, et sommes à même de l’appliquer à la vie. Dans une certaine idée occidentale postromantique du paradis, les paysages, pour être merveilleux doivent rester vierges de toute trace humaine. Au Japon, la présence de l’homme dans la nature est fondamentale. C’est la main de l’homme qui transforme les éléments en jardins de méditation et de conscience. Les biotopes, les écosystèmes ou les zones protégées sont au Japon des espaces où se lit la trace de l’homme. C’est parce que l’homme y inscrit sa pensée que la nature acquiert sa valeur. Et c’est parce que, avec la tradition zen, l’homme a le pouvoir de conférer à ce qui l’entoure une dimension divine unissant le ying et le yang que la nature réalise la perfection. Les jardins japonais sont très stylisés et codifiés. L'eau occupe une place esthétique et symbolique majeure, chargée d'émotion, lieu éminemment propice à la méditation philosophique et religieuse. Aux origines du jardin botanique japonais, un dieu serait descendu sur un grand rocher, ou bien, pour vénérer un dieu, on aurait construit une île au milieu d'un étang. Ce qui explique les éléments principaux du jardin d'agrément japonais : pierres, colline et étang. Il est aussi généralement admis que le jardin était à l'origine, conçu comme un lieu de résidence des dieux. Le jardin japonais comporte très souvent un étang ou un ruisseau, ces éléments formant les limites du sanctuaire. L'eau était un élément familier, et le jardin symbolisait l'aménagement en miniature des eaux. Les Japonais partagent avec les Chinois, le respect des formes naturelles ; les influences shintoïste et boudhique y concourent. L'art part toujours de la Nature que rien ne saurait surpasser en beauté. Leur inspiration première vient des paysages découpés sur les côtes de leurs îles. A côté d'étangs, de lacs, les premiers jardins japonais comportent des collines de rochers qui imitent les criques et les promontoires. Par exemple, le jardin du temple sur l'île d'Itsukushima intègre la mer au plan sacré de la secte Jodo. Seuls les initiés, desservants des divinités de l'île, peuvent aborder celle-ci par des ponts couverts. Ainsi, par l'abondance de ses eaux, Kyoto devient-elle une réunion de magnifiques jardins. La cascade, autre trait distinctif du jardin japonais, ne fait jamais oublier son origine naturelle : au gré de la topographie, elle va du torrent de montagne à une kyrielle de petites chutes dans la plaine. Elle obéit avant tout au respect du volume et de la force de l'eau, à l'emplacement et à la taille des rochers ; il revient au jardinier d'harmoniser ces éléments épars pour que cette cascade paraisse avoir été de tout temps inscrite dans le paysage. Au pied de la cascade, on trouve généralement un étang propice à la méditation et à la contemplation de la nature. Des pas japonais - à la progression soigneusement étudiée - joignent l'étang au jardin. Cet étang est peuplé de carpes (koï) dont le ballet de couleurs, parce qu'avec leur âge canonique on leur prête une sagesse venue d'une si longue vie, conduit à une méditation sur l'infini.


Les coupures vertes

Pour supprimer le mitage de certains espaces, notamment ceux situés entre la ville elle-même et ses extensions par des implantations mal maîtrisées, beaucoup de plans d’urbanisme (ou d’autres dispositions légales s’opposant aux tiers) ont prévu la création de coupures vertes inconstructibles comme à Londres depuis 1976 et Séoul, et dans bien d’autres villes. Ainsi le master plan for greenery à Osaka prévoit de créer des réserves vertes sur les hauteurs et des coulées vertes le long des rivières Yodo, Ina et Yamamoto et le long du rivage, au total cinq zones vertes et 22 parcs faisant passer ces derniers de 4,6 m2/habitant à 15 m2/habitant et la réserve verte de 40 à 50 m2.


  1. 3.       LES FONTAINES D’AGREMENT

  •  Les grandes eaux de Versailles

Au XVIIème siècle, la France est le pays le plus puissant et le plus peuplé d’Europe. Le jeune roi installe le siège de son gouvernement dans un nouveau château qu’il fait construire au milieu d’un parc. Le bâtiment et ses jardins avec ses fontaines sont conçus pour être un symbole de faste et de puissance. Plus qu’un monument, c’est un acte de gouvernement, une affirmation de la prééminence du souverain dans toutes les actions de l’Etat. Pour atteindre son but, Louis XIV donna ordre à l’Académie des Sciences de tout mettre en œuvre pour lui permettre d’obtenir non seulement les jets les plus hauts possibles, mais également les débits les plus forts et surtout la pérennité de ceux-ci. Toute l’Europe savante est également sollicitée. De ces désirs naîtront, entre autres, les lois de Mariotte et la machine de Marly. La galerie des glaces est d’abord un théâtre. Le roi y reçoit les ambassadeurs étrangers, installé sur un trône à une extrémité. Introduit par la porte opposée, le visiteur est obligé de parcourir toute la longueur de la galerie avant de pouvoir lui parler. Le parc procède de la même scénographie. C’est une emphase aquatique qui laisse loin derrière elle tout ce qui a été fait jusqu’alors. Apollon et ses chevaux, entouré d’un peuple de dauphins, de tritons, de naïades, de divinités en tous genres, s’ébrouent, crachent, s’éclaboussent, de douchent, s’arrosent et sont arrosés. L’eau, conduite par la volonté du maître de séant y prend toutes les formes : jets, lances, gerbes, bouillons, lames, etc. Le plus blasé des spectateurs reste pantois devant cette débauche, traitée par ailleurs avec un art admirable. Pour être certain d’être parfaitement compris, le roi lui-même établit l’itinéraire idéal pour faire visiter ses jeux d’eau à chacun de ses visiteurs de marque. Ainsi, après la cérémonie de l’accueil dans la galerie des glaces, l’invité se voit promené dans les jardins selon une mise en scène très élaborée, se terminant en crescendo par les effets les plus spectaculaires et par le coucher de soleil sur l’horizon du grand canal.

  •  Les fontaines de Rome

Pour établir leur totale suprématie, sur les esprits comme sur les territoires, les Romains mettent en œuvre, dans tous les pays conquis une politique générale, systématique, de grands travaux hydrauliques. A la pax romana est associée un art de vivre dans lequel l’eau joue un rôle primordial. La conquête achevée, les villes remplacent les forteresses militaires, et l’aqueduc remplace les citernes. Les deux premières fonctions de curateur que crée Auguste sont affectées aux routes et aux aqueducs. Rome est l’archétype de la cité idéale. L’ordre politique se traduit dans la ville par l’harmonie de l’urbanisme et par la domination des éléments. Les tumultes originels s’y apaisent. Dans un environnement méditerranéen où la pénurie d’eau est endémique, Rome montre sa puissance par l’indifférence qu’elle met à l’économiser. L’abondance d’eau est synonyme de faste et emblème de puissance. Les fontaines monumentales vomissent des torrents d’eau en permanence. Ce qui frappe le plus les imaginations de l’époque, c’est que la nuit même n’arrête pas leurs débits. Certes, comme on l’a précisé précédemment, les eaux des fontaines sont récupérées pour être utilisées dans les thermes, les jardins et pour alimenter des concessions et aboutir à des bassins où les Romains peuvent la prélever pour leur usage.

  • Les fontaines et l'urbanisme

Tous les urbanistes des villes ont fait jouer aux fontaines un rôle essentiel dans la politique d’embellissement que leur imposaient les décideurs. L’eau et l’urbanisme se rencontraient aussi pour la création des parcs et des jardins pour lesquels les ingénieurs arabes avaient été des précurseurs, comme d’ailleurs pour les « hammams ». Madrid, avec la création du « Retiro » et les très belles fontaines de la vieille ville, s’est certainement inspirée de cette tradition dont on admire encore aujourd’hui les réalisations à Grenade. Cette liaison de l’urbanisme avec l’eau comme ressource vitale reste encore gravée dans les pierres aujourd’hui à Paris, Londres et dans beaucoup d’autres villes où le nom de nombreuses rues ou places rappelle un ancien puits ou une fontaine.

 

 

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