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Eau et Diversité Culturelle au Népal

Par Ram Kumar Panday, Center for Altitude Geography

Ram Kumar Panday évoque les liens entre l’eau, l’utilisation et la gestion de la ressource et les éléments culturels, valeurs et croyances népalaises.

Aujourd’hui encore la tradition interdit l’usage d’une même source d’eau par différentes castes de la société. Ceci est dû à une peur de la contamination, puisque les castes les moins élevées travaillent souvent dans des lieux impropres.

Les peuples Aryens et Mongoloïdes de l’Himalaya ont réalisé l’importance de l’eau et l’ont symbolisée dans de nombreux mythes hindous, dans la littérature, la philosophie, les pratiques et les connaissances.

Malgré un sérieux problème de pénurie d’eau potable, les villageois s’interdisent de boire l’eau de la rivière Nariskhola car on dit que ses eaux sont le sang d’un démon. La croyance populaire prévaut donc sur la satisfaction des besoin vitaux.

Le sable du lit de la rivière Bagmati a été surexploité, entraînant une dégradation de son lit, de ses berges, de la qualité de l’eau et du paysage dans son ensemble. Les activités rituelles, festives et alimentaires ne pouvant plus se dérouler dans un environnement valorisé pour ses qualités esthétiques, la culture de la rivière est en perdition.

Les gestionnaires de la rivière planifient les projets d’aménagement sans prendre en considération la connaissance ancestrale des habitants, dont la coopération et la force de travail pourraient pourtant réduire les investissements gouvernementaux. Les opérateurs ne tiennent pas suffisamment compte des pratiques de gestion traditionnelles dans l’élaboration de modèles de développement.

Dans la culture communautaire népalaise, on creusait des bassins d’eau au sein des villages, alimentés par des canaux, avec des matériaux simples et locaux, depuis une source. Ces bassins avaient plusieurs fonctions: une valeur esthétique, la lutte contre les incendies, les plaisirs de la baignade, la fertilité des boues pour l’agriculture, etc. Aujourd’hui, l’usage des ces bassins se perd, ainsi que la tradition de leur entretien qui reposait sur la communauté. En effet, la construction, la préservation et la promotion des bassins d’eau étaient conçues comme une discipline religieuse. La religion était orientée sur un service. Ces usages traditionnels de l’eau ont survécu jusqu’au milieu du 20ème siècle. L’éducation moderne, les influences culturelles extérieures, le manque de communication appropriée et la disparition du système ‘guthi’ ont développé une société centrée d’avantage sur les intérêts individuels que sur l’esprit de la communauté, qui était à la base du système traditionnel d’usage de l’eau.

Une autre tradition népalaise interdit à tout villageois, quel que soit son motif, d’accéder seul à la source dont dépend l’approvisionnement en eau potable du village. Cette restriction religieuse visait à empêcher la nature égoïste d’un individu isolé de s’exprimer en tentant de manipuler la distribution des ratios d’eau sur les différents robinets de pierre.

L’oubli et la perte des techniques traditionnelles d’utilisation et de préservation de l’eau sont dus au manque de conscience de l’héritage culturel de la société. Les sciences et la connaissance ne peuvent pas être la solution ultime à ce problème. C’est par la prise de conscience de l’héritage culturel que l’on parvient à améliorer la perception et la valorisation de la ressource aux yeux de la population, ce qui permettrait la redécouverte de pratiques qui représentent encore une contribution utile aujourd’hui.

«La culture des nuages», c’est-à-dire l’activité qui consiste à regarder le ciel pour recevoir la pluie est encore fortement ancrée chez certains agriculteurs. Ils attendent patiemment la mousson plutôt que d’avoir recours à la construction de canaux d’irrigation. Le gouvernement devrait encourager et investir dans des aménagements légers pour lutter contre la pauvreté, mais des problèmes de corruption empêchent un réel progrès à ce niveau.

En conclusion, Ram Kumar Panday recommande l’élaboration d’une encyclopédie de tous les usages et des pratiques culturelles de l’eau sur le continent, pour développer la connaissance, la prise de conscience et la dissémination de ces éléments au profit d’une meilleure gestion et préservation de la ressource.

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