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Méthode d’éducation à l’eau basée sur les Nouvelles Technologies de l’Information

Xavier Mayer, Fondateur de IEC NTIC et M. Bouadou, sociologue marocain

Dans le cadre d’un programme commun de l’Union européenne et du Royaume du Maroc,
M. Meyer est responsable de l’assistance technique au programme MEDA : assainissement des alimentations en eau potable de 450 douars et assainissement de 3 centres (maître d’œuvre ONEP et la Direction Générale de l’Hydraulique).

Par le biais d’une méthode connue désormais sous le nom de « méthode participative », le travail consiste à expliquer aux populations les projets d’aménagement prévus sur le terrain.

La méthode participative

On constate que les populations villageoises ont généralement leurs propres solutions de gestion de l’eau et lorsqu’une solution nouvelle, qui peut paraître plus confortable, plus moderne, plus pratique et plus saine leur est proposée, celle-ci n’est pas forcement évaluée de façon positive par les villageois. C’est pourquoi, un effort important de communication s’impose.

Pour cela, deux équipes de six animateurs, travaillant dans le nord et dans le sud, équipés de matériel audiovisuel numérique, ont pour mission de rencontrer les villageois et dialoguer avec eux. L’avantage principal de cette méthode s’avère être la proximité avec les villageois.

1 – Visite des douars

L’objectif de cette visite est de faire le diagnostique de la situation du village sur le plan de l’eau potable. La publicité pour le projet se fait par haut-parleur dans le village.

2 – Première réunion et décision de la «carte sociale» avec les villageois

Lors de cette réunion le projet est expliqué au villageois afin d’obtenir leur avis et leur adhésion.

La carte sociale, est un outil de la méthode participative : La vie du village est étudiée par le biais de dialogues avec les villageois. Les informations concernant les habitudes de vie des villageois sont répertoriées dans des tableaux. Chaque ménage  est interrogé sur le nombre de personnes vivant sous le même toit, sur la scolarisation des enfants, le type d’habitation, l’équipement de la maison, etc… Une base de donnée très importante est ainsi constituée. Ces renseignements permettent éventuellement de réajuster les études.

3 – L’équipe va à la rencontre des villageois n’ayant pas assisté à la réunion participative

Les animateurs rendent visite aux villageois qui n’étaient pas présents à la réunion, pour faire le point avec eux du problème de l’eau dans le village. Lors de ces visites sur le terrain, les animateurs, munis d’appareils numériques, photographient et enregistrent des témoignages sur la situation de l’eau. Grâce à la technologie numérique, ces éléments seront montés immédiatement en film dans la journée afin d’organiser une projection le soir dans le village.

4 – Projection d’images présentant la situation telle qu’elle est vécue tous les jours

La projection  des nombreuses images numériques précédentes attirent le villageois puisque, pour des raisons sans doute psychologiques, tous les hommes désirent se voir en photo.

5 – Travail dans les écoles

Un travail avec les écoliers est également effectué. Les élèves d’aujourd’hui seront les acteurs de demain, mais bien souvent ce sont les enfants qui portent l’eau, par conséquent ils sont aussi les acteurs d’aujourd’hui.

Dans la classe présentée, On trouve des affiches du Ministère de la Santé.

Dans un premier temps, le professeur explique aux élèves les six règles d’or de santé. Ceci s’inscrit dans le cadre de la sensibilisation effectuée dans les écoles.

Par ailleurs, les professeurs utilisent une méthode appelé le flip chart qui a été crée par une sociologue. Il s’agit de l’enregistrement radio-cassette d’une historiette mettant en scène les enfants et les habitants d’un village.

6 – Réalisation d’affiches personnalisées de proximité

Les animateurs exposent des affiches personnalisées de proximité réalisées à partir de nombreuses photos prises avec les villageois. L’affiche constitue un support de communication de proximité peu onéreux et extrêmement convivial. Elle peut être créée en un seul exemplaire ou multipliée en petit nombre pour satisfaire un besoin d’informations au niveau d’un village ou d’un groupe de villages.

7 – Détermination de l’emplacement des bornes fontaines avec les villageois

La journée d’animation se poursuit par une réunion avec les villageois durant laquelle sera déterminé l’emplacement des bornes fontaines. Il s’agit du moment de la journée le plus participatif. La carte sociale du village est ensuite compléée de manière à y faire figurer les emplacements des bornes fontaines. Après le passage de l’équipe d’animateurs, des affiches sont laissées dans le village afin de rappeler aux habitants que le projet est lancé et que les travaux commenceront prochainement.

Dans certains contextes culturels, il est plus préférable de faire travailler des animateurs avec les hommes d’un coté et des animatrices avec les femmes de l’autre. Des séances pour les femmes sont fréquemment organisées en fin d’après midi car si les hommes sortent le soir pour assister aux réunions, les femmes sont obligées de rester à la maison pour garder les enfants et assurer la sécurité de la maison. Un film expliquant les conditions du projet est présenté.

Les équipes d’animateurs travaillent en partenariat avec les services décentralisés de l’éducation  et de la santé qui viennent également porter la bonne parole dans les villages.

Conclusion

Dans ce type de méthode d’éducation basée sur les IEC NTIC, le talent et la passion des animateurs permettent au public de ne pas être seulement des spectateurs mais véritablement des participants directement concernés, ce qui en fait une œuvre très utile et nécessaire menée dans des conditions parfois difficiles.

Cette méthode permet de produire des documents également utiles  pour les organisations internationales, qui peuvent les aider à mieux connaître les ruraux, et donc à mieux les atteindre.

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