Réappropriation des connaissances des systèmes anciens
Les systèmes de gestion de l’eau qui nous ont précédés témoignent des principes de hiérarchisation des pouvoirs et des responsabilités de ces sociétés. Certains de ces principes sont à la fois universels et pérennes. « Les nouveaux gestionnaires de l’eau doivent accepter la sagesse inscrite dans les symboles et les rituels séculaires traditionnels et religieux qui les entourent » .
Une démarche explicative des systèmes anciens fondée sur les cultures qui les avaient créés devrait permettre une appropriation des traditions culturelles de sacralisation de l’eau.
L’eau construction d’une société
L’eau joue un rôle essentiel dans la construction d’une société par l’effort de solidarité qu’exige sa gestion : Elle crée un espace « habitable » en référence aux caractéristiques de l’attachement au territoire développées par GN Fischer : identité (ancrage et appartenance), habitabilité (lieu dépourvu de contraintes) et territorialité (opposition et frontières). Elle est à l’origine du plan de la ville et de ses développements successifs. . Elle favorise le bien-être qui est un facteur de développement ; en ce sens elle est perçue comme un patrimoine commun. La ressource est triple : la rivière et ses affluents ; la nappe phréatique, les sources (sources thermales en particulier).
Elle crée des espaces de négociation : négociations juridiques en raison de la complexité des différents droits de propriété sur l’eau qui s’appliquent ; négociations techniques, en raison de l’apparition de nouvelles techniques qui vont se superposer ou se cumuler aux savoirs anciens. La typologie de l’habitat décide des modes d’assainissement prépondérants : la ville planifiée et administrée versus la ville spontanée .
Elle définit des domaines d’interactions entre des communautés culturellement différenciées. Se construisent ainsi des solidarités à différents niveaux : à l’échelle de la région, au niveau des différentes classes sociales et entre les régions rurales et urbaines. C’est à travers la gestion de l’eau que s’est développé le sentiment de tolérance pour des cultures différentes.
Significations sociales et culturelles des techniques anciennes de répartition de l’eau.
“ Le répartiteur d’eau ”, tel qu’il a été conçu dès le neuvième siècle à Fès, au Maroc, se présente comme un miroir des priorités d’une société donnée à un moment donné :l’eau qui provient de la source est dirigée d’abord vers le palais, puis vers la mosquée et ses medrassa et enfin vers la ville ; le palais se situe en dehors de la ville ; la dynastie dominante impose ses codes et ses techniques de l’eau ; ses savoirs faire sont l’apanage d’une seule tribu qui en garde jalousement les secrets. Dans l’organisation administrative française, ce principe se traduit par le rôle de relais des maires entre le pouvoir politique et la population. Quelles priorités apparaissent évidentes dans nos systèmes de répartition de l’eau actuels ? Quelles significations ces priorités ont-elles quant aux valeurs de nos sociétés ? En France, comment analyser les priorités de l’eau données à l’agriculture et à l’industrie ? Quelles priorités faudrait-il développer aujourd’hui pour un partage éthique de l’eau en tenant compte des diversités environnementales et culturelles.
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