Une action éducative sur l’hygiène et la santé

Par Jean-Claude Roelly,  Association L’appel

L’Appel est une association d’aide aux enfants victimes des conflits. Elle a été sollicitée par le Directeur des services de santé de la ville de Dalat pour réaliser une adduction d’eau. Ce projet comprend un volet « action éducative » décrit ci-dessous.

L’action éducative a été décidée d’un commun accord avec notre partenaire local, le Directeur des Services de Santé de la ville de Dalat, dont dépend le village de Dangiarit sur le plan hygiène et sanitaire.

L’objet de l’information, de la formation ou de la sensibilisation, a consisté à préciser comment arriverait l’eau dans le village, comment elle serait distribuée, quels seraient les avantages de ce système par rapport à la situation préexistante ; quelles précautions prendre, quelles obligations à respecter pour en tirer le maximum de bénéfice pour le bien commun de la population et la richesse qui en découle (santé, confort, hygiène corporelle, etc.).

Cette action éducative était motivée pour sensibiliser tout particulièrement les mères de famille sur ce que représentent pour elles les changements des habitudes de vie ; l’apport d’une eau de qualité en quantité appréciable.

Toute la population du village est concernée par la formation, l’éducation ou la sensibilisation.

L’étendue géographique de la première installation d’adduction était certes modeste, mais très vite nous avons été sollicités par d’autres projets dans le district de Lac Duong, puis dans le district voisin de Di Linh dans la province de Lam Dong ; et ensuite dans une province voisine, celle de Khanh Hoa. Ainsi à ce jour, de nombreuses adductions d’eau ont été réalisées, et le nombre de villageois ayant accès à l’eau propre avoisine actuellement (d’autres projets sont en cours) 20 000.

Dans les régions montagneuses, déshéritées, isolées, d’accès réglementé, les moyens de diffusion sont assez réduits pour sensibiliser la population.

Chaque réalisation d’adduction d’eau donne lieu, le jour de la mise en service à une inauguration festive avec danses, spectacles divers, discours des personnalités locales et françaises, prise de vidéo par des journalistes et articles de journaux.

La pédagogie employée est celle adoptée par le Collège de Médecine de la province : créer dans chaque gros village un groupe de volontaires de la santé, leur donner une formation brève et les aider à organiser des séances de sensibilisation aux problèmes de l’eau, de la santé, de l’hygiène. Les directeurs d’école et instituteurs y sont associés.

Les partenaires de L’Appel sont les suivants :

•  les présidents des Comités populaires des villages concernés ;
•  les présidents des Comités de districts qui sont les demandeurs, auprès de L’Appel et de leurs administrations locales, des soutiens financiers nécessaires pour les études techniques et économiques, le budget global, le programme de réalisation ;
•  les présidents des Comités populaires de province : ce sont eux qui décident la participation financière de la partie vietnamienne (en général aux alentours de 50 % du prix total de chaque opération) ;
•  le « Centre pour la fourniture de l’eau rurale et l’assainissement de l’environnement », qui est un bureau du Ministère de l’agriculture et du développement rural (adresse : C 10 Nam Thanh Cong à Hanoi ; Directeur Docteur Le Van Can). Son accord est sollicité pour toutes les opérations d’adduction d’eau dans les villages ;
•  les autorités sanitaires sont des partenaires très importants : Direction de la Santé de la province, et enseignants chargés de la formation des personnels médico-sanitaires dans les districts ruraux, par exemple le Collège de Médecine de Dalat pour la province de Lam Dong (Directeur Docteur Le Thanh Hoang).

La mobilisation des usagers et des partenaires dans cette action éducative

Une équipe féminine, composée entre autres d’une sage-femme et d’une assistante sociale, a entrepris avec les futurs usagers (les villageoises) une série d’entretiens pour les sensibiliser sur l’utilisation d’une eau de bonne qualité en quantité convenable.

Les villageois de leur côté ont accepté la création d’un Comité de gestion de l’eau et d’une équipe de maintenance sous l’autorité du chef de village. Cette équipe a été formée au moment de l’arrivée du matériel (bornes-fontaines, tuyauteries) par notre correspondant, en participant au montage et à la mise en service.

Les villageoises ont été considérées comme utilisatrices participant à l’action du fait même que les maris sont partie prenante dans la réalisation, la mise en service et l’entretien du système une fois en fonctionnement.

Après une durée de fonctionnement de cinq ans, pendant laquelle l’adduction d’eau a fonctionné sans interruption, on peut considérer que les résultats sont probants :

•   amélioration très nette de l’état de santé de la population en particulier des jeunes enfants ;
•  diminution des cas de diarrhée, des dermatoses, des affections oculaires, des maladies gynécologiques ;
•  baisse sensible de la mortalité infantile en bas âge (avant l’âge de cinq ans).

Nous n’avons pas par nous-mêmes mis en place un procédé de suivi des résultats, mais c’est un travail effectué par les autorités sanitaires des provinces (Lam Dong et Khanh Hoa).

Il faut désormais continuer à assurer les visites de notre correspondant en allant dans le sens d’une éducation envers les enfants par le canal des instituteurs.

Si les enseignants sont associés aux campagnes de sensibilisation menées par les Collèges de Médecine, ils n’ont pas, semble-t-il, de formation spécifique sur le sujet.

Notre correspondant, qui a lui-même une formation d’éducateur à la santé et surtout une connaissance technique remarquable de tous les systèmes d’eau installés par L’Appel, toujours sous son contrôle jusqu’ici, pourrait animer des séances de formation pour instituteurs et institutrices (mais l’autorité de tutelle n’est pas la même, ce qui complique beaucoup les choses).

Il s’avère en effet de façon évidente que des progrès dans l’utilisation de l’eau et surtout de la salubrité des installations et des postes d’eau ne seront vraiment possibles qu’au travers des nouvelles habitudes acquises, notamment par les enfants. Le maintien en état de propreté permanente des bornes-fontaines, des dalles et des abords immédiats, ainsi que le respect d’un fonctionnement correct des postes d’eau, est le point faible de populations plutôt frustres qui habitent ces villages de montagne. Les séances d’éducation collective amusent mais ne changent pas grand-chose !